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Idanha et Ticia

Idanha et Ticia
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23 juillet 2013

Stage avec Frédéric PIGNON

Il y a tellement à dire après ce weekend de stage que mon vocabulaire se retrouve tout à coup bien pauvre, il me semble de surcroit qu’y apposer trop de superlatifs serait tellement grossiers pour décrire ce que Frédéric  transmet avec tant de simplicité et d’émotions.

 

Après l’avoir écouté tout un weekend tout parait si évident, c’est simple et ça tombe naturellement sous le sens ! Pourquoi nous sommes nous autant laissés emporter si loin de ce qui devrait être la préoccupation première d’un cavalier, regarder son cheval vraiment, savoir lire en lui , puis se faire comprendre pour enfin marcher ensemble, s’amuser ensemble dans le même sens et avec la même énergie.

  

Cela parait tout à coup limpide et naturel mais pourtant l’esprit se raccroche encore à des excuses d’incapacité, saurai-je de ma petite expérience en faire autant ? On s’aperçoit pourtant, en l’observant nouer un contact avec chaque cheval inconnu qui se succède dans le rond, qu’en se connectant au cheval et en l’amenant à avoir envie de faire de même il devient naturel de marcher ensemble, alors pourquoi pas valser et s’amuser ?

Au fil des chevaux qu’il incite à lui faire confiance puis à se prendre en charge et a agir avec plaisir en interaction avec lui, tout s’éclaire également pour nous autres qui observons. La peur d’être maladroit ou de commettre des erreurs s’étiole au fur et a mesure, comment pourrait-on commettre plus d’erreurs qu’en ne tentant rien pour comprendre et être compris?

  

Après l’avoir regardé danser sur le même pied que chaque cheval tout parait dès lors aisé et possible même si l’on convient qu’il a quelque chose de magnétique avec les chevaux.

Ils ne se connaissent presque pas et pourtant très vite leurs mouvements s’attirent ou se repoussent d’un même élan, les distances s’allongent et se raccourcissent d’un abaissement d’épaule, la cadence augmente en d’un regard, le cheval revient dans un soupir… Ce ballet nous captive dans le silence rythmé de leurs respirations.

Il bouge en symbiose avec chaque cheval et respire à la cadence des demandes et mouvements, il inspire longuement en demandant, expire profondément lorsque le mouvement se détend, une apnée silencieuse en attendant une réponse et des doubles croches de souffle court pour une envolée au galop et le cheval se met au diapason de cette musique apaisante.

 

On serait tenté de qualifier tout cela de magique si l’on n’avait pas pris conscience grâce aux explications de Frédéric que tout est lié et expliqué entre lui et le cheval, Il n’y a que fluidité et patience, une précision très technique est évidement présente, mais il n’est là question que de bienveillance technique. Rien n’est automatisé et aucun de ses conseils ne pourra s’il est suivi à la lettre être détourné et mal employé d’une manière qui puisse nuire au cheval. Les gestes sont discrets, la voix presque muette, les claquements de langues rares mais précis, le stick effleure et guide, la main caresse et relaxe, le sourire rassure et récompense…

Il s’agit juste de réapprendre à respirer et regarder son cheval, «  le lire » dit-il, mais oui simplement lire en lui en le regardant mais aussi en le touchant, en massant ses tensions en balayant d’un geste lent et chargé d’amour toutes les angoisses qui ont noué ses muscles et qui lui font dire non, apporter au cheval la garantie qu’il pourra désormais nous faire confiance.

 

C’est une philosophie de respect et compréhension qui est liée à l’importance de prendre le temps pour construire, d’être précis et minutieux parce que le temps qui passe n’est jamais un ennemi si on l’a utilisé pour bien faire

 

Frédéric captivant avec les chevaux n’en est pas moins étonnant avec les humains, son sourire irradie et souligne combien tout est fait dans l’amour et le respect du cheval, avec une patience égale à celle qu’il consacre aux chevaux, il transmet, partage, exhalte et communique également aux humains assemblés là et tenus en haleine par la même passion.

Le stage s’achève avec cette impression que nous avons aussi été dans le rond avec lui d’une certaine façon, nous avons-nous aussi fait la démarche d’une prise de conscience, c’est si essentiel et naturel que l’on est passé à coté, par incompréhension souvent, égoïsme parfois, maladresse fréquemment, vanité occasionnellement, impatience toujours…

 

 

Pour écrire cet article ma plume a du comme toujours lutter contre des répétitions de mots ou d’expressions qui sont toujours assez révélatrices. Les termes que j’aurai le plus souvent effacés ou remplacés cette fois sont : si, bienveillant, simplement, tomber sous le sens, tellement, évident… Il est drôle de voir qu’à eux seuls ils forment une conclusion tout à fait appropriée !

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23 juillet 2013

La Chevauchée

Chevaucher en dévorant tout, de l’air frais dans les naseaux le vent dans la crinière, dévorons, galopons, sautons les montagnes.... Que volent les fers,que tombent les oeillères et se brisent les mors; que s’usent les cuirs, que les rennes se rompent jusqu’à la liberté et l’horizon d’une nouvelle aube. La chance d’avoir un lendemain à fouler, un autre galop effréné, une nouvelle course passionée jusqu’au crépuscule...

26 mars 2011

La fin de l'hiver

Quel long et désespérant hiver, morne et préoccupant, non contente d’éprouver la fatigue et la lassitude qui frappe souvent en cette saison, ce sont les chevaux qui semblaient avoir déserté ma vie…

Des mois passés à ne plus rien  éprouver en regardant, en montant et en peignant un cheval, aucune étincelle juste une immense fatigue qui engloutit toute énergie, monte insidieusement et finit par noyer tout désir.

C’est une étrange et  oppressante sensation, presque une amputation de tout ce qui fait mon identité, ma joie de vivre, mon oxygène… de longues semaines à m’interroger sur l’origine de ce néant incroyable qui m’emplit au fur et à mesure qu'il me  vide, m’immobilise et glace mon âme… Rien n’y fait, impossible de comprendre quel est ce mal qui me gagne et surtout, pourquoi… Impossible également de l'expliquer, de mettre des mots sur ce mal être si profond et peut être également peur que l'écrire ou le dire lui donne une contenance et une réalité qui m'effraie d'autant plus.

Acculée dans la noirceur asphyxiante de ce terrible hiver, j’ai tentée de me débattre, de réagir, de combattre ce mal, mais comment combattre un ennemi invisible ? Comment retrouver le gout de peindre, le gout de faire corps avec ma merveilleuse Danha, comment réussir à se fasciner à nouveau pour la courbe d’une encolure, le galbe d’une jambe, le son des fers qui claquent au rythme du pas ?  Comment vivre sans toutes ces petites choses qui ont toujours été scellées à mon être… En créant le manque peut être ? Et si mes chers chevaux  ne me manquaient plus jamais, quelle vie puis-je mener sans eux et sans cette énergie qu’ils m’insufflent ? 

Lasse de me battre ainsi contre une chimère, j’ai finalement décidé d’accepter et de m’en remettre à demain, attendre et poursuivre cette morne errance en espérant qu’un beau jour le cauchemar prenne fin…

 Ces quelques mois paraissent s’allonger et se trainer comme un siècle entier et je m’imagine déjà avec horreur finissant mon existence au rythme de l’adage métro-boulot-dodo, quand le printemps vient enfin me tirer de ma torpeur, de chétifs rayons de soleil filtrent à travers les murs de ma cellule et je m’éveille tout en douceur.

IMG_0730Comme une convalescente je prends les crayons un à un, je prends mon temps et ne prétend plus à dévorer papier et énergie, à bruler des étapes, à éclabousser tout de peinture… Cette longue douleur qui a percé mon cœur est encore fraiche et je ne veux pour rien au monde la ressentir à nouveau. Je savoure donc, prend le temps de caresser un chanfrein du bout de mon fusain, d’en brosser les poils de la pulpe d’un doigt et d’attendre que brille une étincelle dans son œil, je l’approche et le cajole comme on le ferait pour un animal farouche, je tente d’apprivoiser ma passion infidèle, de lui redonner confiance et de me réconcilier avec cette compagne volage.

Je retrouve cette plénitude qui me gagne lorsqu’enfin le cheval de papier m’absorbe dans son univers lorsqu’il entraine mon esprit et mes mains, lorsque je le flatte autant que je le façonne. Revivre enfin tout juste suspendu à une ligne de pastel est si délicieux !

22 janvier 2010

La Joconde de mon coeur

12795170_pElle trône là au beau milieu du manège, sereine et imperturbable Danha à cette façon impassible de me fixer jusqu’à en transpercer mon être.

Au creux de ses paupières, velours anthracite frangé d’un duvet blanc, deux perles noires et scintillantes me fixent…

Envoutée, incapable de me mouvoir, je la contemple et me laisse envahir par ce sentiment étrange, ses yeux ne me fixent pas réellement, ce n’est pas moi qu’elle regarde, ce n’est pas cette image de chair qu’elle fixe, elle va bien au-delà…Son regard me pénètre et m’englobe, elle me regarde au fond de l’âme…

Plongée l’une dans l’autre en un instant hypnotique, tout se fait plus sourd et silencieux au milieu du manège, au creux de notre bulle le temps à suspendu sa course …

Je ne sais combien de temps nous restons ainsi, cela n’a pas d’importance, en cet instant une éternité pourrait bien passer, rien n’y ferait.

Alors qu’elle me fait face, immobile jusqu’aux oreilles son image semble s’être figée comme un tableau dans son cadre.

Comme un peintre apportant la dernière touche de lumière qui donnera la vie à son oeuvre, le soleil de cette belle fin de soirée filtre à travers le toit et vient doucement effleurer ses crins, allumant sa crinière d’un millier de scintillements…

L’ombre et la lumière rendent presque irréelle cette belle madone ainsi parée de son voile de lumière

Etrangement il me semble percevoir comme un léger sourire s’imprimer au coin de ses lèvres, une forme de sérénité qui m’enveloppe et m’emporte avec elle.

Mystérieuse Mona Lisa qui me fait face, je n’ose en cet instant tenter aucun geste de peur  que la magie de l’instant ne s’évapore, je reste là, simplement captivée par ce chef d’œuvre, en admiration devant ma Joconde.

Que ne suis-je la personne la plus chanceuse sur cette terre pour pouvoir contempler un tel chef d’œuvre, je n’ose dire le posséder… c’est tellement plus que ça, elle me possède probablement autant que moi, ensemble nous apprenons à devenir un, l’alchimie des âmes est une science si inexacte qu’elle n’en est que plus facile lorsque l’on cesse d’y penser et que l’on laisse son cœur prendre les devants.

30 novembre 2009

une poussière de bonheur.

En ce samedi pluvieux je me rend aux écuries en quête d’un peu de bon temps avec ma princesse, il est 14h, les écuries sont calmes, pratiquement personne, pas de bruit, juste le souffle du vent dans la foret… Je m’approche du box de Danha, et je m’aperçois bien vite que derrière la porte que je n’entrevois dans la pénombre ni sa tête ni son dos… Un petit sourire s’imprime sur mon visage, je sais ce que cela veut dire… Tout doucement et le plus silencieusement possible, je fais glisser le loquet, entrouvre la porte et me glisse dans le box en prenant soin de refermer derrière moi. Danha est là, couché au milieu du box, avec sa dignité de princesse, les jambes délicatement repliées sous elle, sa couverture bien droite, l’encolure tournée vers moi, ses petits yeux brillants mais encore à moitié clos par la somnolence.

Je m’accroupis et lui parle tout doucement, il est très rare qu’elle ne se précipite pas debout à peine la porte ouverte… non par peur, mais par empressement de sortir !

De la façon dont elle est couchée, difficile de faire le tour pour me mettre à l’opposé de ses jambes, du coté qui est le plus sur si elle décide de se relever d’un coup… Tant pis, si je veux qu’elle me fasse confiance il faudra donc que je montre l’exemple !

Elle est calme et elle semble m’attendre ; je me glisse alors contre son flanc entre ses antérieurs repliés et ses postérieurs et m’assois contre elle, je laisse une main courir sous sa crinière pour l’apaiser et qu’elle comprenne que nous nous accordons une minute de tranquillité.

Doucement, elle tourne la tête vers moi, appuie son bout du nez doux et chaud contre moi, elle semble heureuse de pouvoir lézarder encore un peu et d’avoir en prime quelques caresses, à mesure que je passe ma main sur son chanfrein elle se détend, ferme les yeux et laisse sa tête aller contre moi, peser de tout son poids dans ce geste d’abandon.

Son souffle sur mon épaule et le lent mouvement de ses flancs contre moi m’apaisent, je m’appuie un peu plus contre elle à mesure qu’un sentiment d’infini bien être m’envahit. Je suis bien là, j’y resterai une vie entière à savourer cet instant rare de complicité et de confiance ultime.

3_4Mon cheval passe-muraille me transporte une fois de plus loin de tout, les murs s’éloignent puis disparaissent, les bruits extérieurs s’assourdissent, pour un instant plus rien n’a plus d’importance que la chaleur de son corps, de son regard, de son souffle, nous somme toute deux ailleurs, dans un univers qui n’appartient qu’à nous.

Dans l’intimité du box obscur, a même la paille, bercée par sa respiration, l’image de ma sculpture d’une femme accroupie contre un cheval couché me revient tout à coup… Voila surement un rêve de réalisé, nous devenons pour une minute ce couple que j’ai rêvé et créé.

Une minute dont il faudra se souvenir pour l’éternité car elle est de celle qui participe à ériger le monument du bonheur, une simple pierre à l’édifice, mais un instant de plénitude qui me fait réaliser à quel point l’amour que je lui porte est immense, à quel point rien ne peut avoir plus d’importance que de savourer de tels instants, de savoir les attendre, les saisir, les chérir et les rendre éternels.

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25 avril 2009

Concours de Saut d'obstacle Handisport de Tremblay

Parfois les plus beaux moments arrivent le jour où on s’y attend le moins. En ce samedi de grisaille nous faisions une exposition collective sur un concours de saut d’obstacle Handisport avec deux amies artistes.

Pourtant tout paraissait jouer contre cette journée, la météo s’annonçait mauvaise, le froid et la pluie sont les ennemies des artistes qui exposent sous des tentes ! Le public reste généralement au chaud et ne se déplace pas et la pluie finit par s’infiltrer partout, sur les tableaux, le long des toiles de tente, pour aller finalement nous glacer jusqu’aux os.

Et pourtant, partager sa tente avec deux amies, deux artistes, deux âmes animées de la même passion ce sont déjà des moments de partage et de détente qui s’annoncent.

S’ajoutant à cela la découverte du monde du concours handisport, c’est une expérience riche en émotions, voir ces cavaliers emmenés par leur amour du cheval et de la vie, quels que soient leur handicap, les voir entrer à cheval sur le terrain, égaux à tous, ils ont à nouveau des jambes, ont à nouveau des oreilles et trouvent également des yeux grâce à leurs chevaux.

P1110911Un silence religieux s’installe lorsqu’un cavalier non-voyant entre sur le terrain. Il est précédé d’une cavalière qui sera sa guide, ils s’élancent sur le parcours ; tout en galopant bon train, la cavalière retournée vers le cavalier non voyant lui dicte les indications sur leur position, la trajectoire à adopter, les foulées qui les rapprochent de l’obstacle, le saut… Il suit, écoute et dirige son cheval, accompagne chaque saut avec une précision et une souplesse qui ferait pâlir bon nombre de cavaliers. Et très vite, totalement captivée par ce ballet, je les suit comme s’ils n’étaient plus qu’un, il n’y a plus deux chevaux et deux cavaliers il n’y a plus que l’essence de ce que l’on aime avec le cheval, la compréhension, la cohésion et cette passion qui pousse chacun à dépasser ses limites.

Ils ne sont plus qu’un et tout s’enchaîne d’une façon si naturelle que des frissons me parcourent, ma gorge se serre, j’en ai les larmes aux yeux tant ce que je vois est beau… Que le monde serait meilleurs s’il ne pouvait être fait que de moments si intenses, poignants et sincères.

Le parcours s’achève sans faute, mais même une barre tombée n’aurait pu gâcher la beauté de l’instant ; nous applaudissons à tout rompre et les deux cavaliers sortent cote à cote en se tenant par la main dans un geste qui symbolise à la fois la victoire, la reconnaissance et la fierté… Nous les regardons s’éloigner et soudain je reprend pied, je me retourne vers mes deux amies en essayant de contenir un peu de ce trop plein d’émotions… et je m’aperçoit à leur regards brouillés que cet instant les a cueillis avec autant de force!

C’est encore une fois le cheval qui nous fait vivre de si belles choses dont il faut savoir se souvenir, qu’il faudrait pouvoir partager pour le bonheur de tous.

24 avril 2009

La princesse blessée

Par un beau jeudi soir ensoleillé, le sort à frappé Danha et sa cavalière… Lors d’un galop effréné, la selle mal sanglée tourne, envoyant la cavalière à terre et terrorisant

la pauvre Danha.

La selle sous le ventre, les étriers frappant durement ses postérieurs, Danha a trop peur pour raisonner son instinct qui lui ordonne de galoper comme si sa vie en dépendait… Ce terrible instinct de fuite chez les chevaux les a souvent sauvés par le passé mais est malheureusement de nos jours et avec nos chevaux « civilisés » le facteur déterminant de tant d’accidents…

Pourtant d’ordinaire la princesse est téméraire et préfère faire face au danger pour en analyser la nature… cette fois c’est trop violent, trop brutal trop douloureux pour qu’elle s’arrête.

Par chance dans sa déraison et son affolement, la recherche de la sécurité et d’un peu d’aide l’aura poussée à rentrer aux écuries. C’est après un galop éreintant sur le sol dur de la foret, après être tombée surement, avoir accidentellement passé le pied dans l’étrier, qu’elle pénètre au grand galop dans la cours des écuries et stoppe net sa course en croisant la première âme vivante. Immédiatement elle se calme et attend que l’on fasse quelque chose pour elle ; ses jambes sont en sang et tout sont corps brulant et trempé d’écume tremble et palpite.

La voir ainsi est une torture, j’arrive aux écuries et y retrouve la cavalière contusionnée mais bien vivante, je m’approche du box avec le cœur battant d’appréhension… elle est là, dans son box, les yeux encore exorbités, trempée et brulante malgré la douche froide qu’on lui a donné juste avant, elle ne pose pas son postérieur et il est très enflé…

Ce qui se passe ensuite est étonnant, du moment où nous entrons toutes les deux dans son box, lui parlant tout doux, la caressant doucement, je sens alors son œil s’adoucir, petit à petit elle se détend et commence à se refroidir un peu. Elle nous regarde, nous reconnaît et finalement viens plaquer son front tout contre moi, ces petits gestes presque enfantins me rassurent, elle est toujours là, toujours prête à communiquer et elle demande de l’aide.

Elle grignote un peu de foin en attendant l’arrivée de la vétérinaire, elle redevient sereine elle semble savoir que l’on va s’occuper d’elle... Vraiment étrange en un sens…

Après plusieurs heures de soins durant lesquels elle serre les dents et nous montre un courage à peine croyable, elle est perfusée pour évacuer toutes les toxines accumulées par le stress et l’effort violent.

Je la veille enroulée dans une de ses couverture, blottie au fond du box, tenant la longe pour qu’elle n’arrache pas la perfusion je la regarde, je l’écoute mâchonner calmement son foin et me détend à cette douce musique. Dans le silence de cette nuit fraiche, alors que le produit s’écoule au goutte à goutte, je me surprend à redécouvrir une mélodie que l’on entend toujours mais que l’on n’écoute presque plus… Le bruissement des sabots dans la paille épaisse, les claquements sourds de ses lèvres attrapant un brin parmi tant d’autres, le bruit régulier de ses dents mâchant le foin, elle caresse parfois au passage mes cheveux du bout de son nez, s’y attarde quelques secondes pour poser son souffle chaud sur moi et l’odeur du foin frais parvient même l’espace d’un instant à me faire oublier l’effroyable odeur acre du produit de perfusion… cette petite mélopée m’élève un instant loin de toutes les angoisses, plus près d’elle et loin de tout, mon cheval passe-muraille me reprend et encore une fois, l’espace d’un moment les murs disparaissent il n’y a plus que moi et mon rêve né cheval.

Ce rêve que j’espère si souvent galopant, m’emportant sur son dos au rythme d’une course folle, le voila cette nuit là enfermé entre quatre murs, estropié, ébréché, fissuré… et pourtant je redécouvre l’essentiel, ce qui me transporte réellement n’est plus cette chimère faite de figures complexes,  de muscles se contractant sous les miens, de sueur et de vitesse. Ce qui me transporte est simplement là sous mes yeux : Elle et rien que ça, sa seule présence suffit à m’insuffler ce bonheur et ce bien être.

6 mars 2009

réflexion Danhesque

L'équitation à la française, à l'allemenade, les grands maitres, les grandes théories... rien à  faire j'aime à lire et j'admire certains de ces maitres, mais c'est curieux comme je constate qu'au fil de ma relation avec Danha je m'éloige de toutes ces préocupations.

Il n'est plus pour l'heure tellement question de technique, ça va bien au delà.

P1060156Je suis avec elle à la recherche de communication et de compréhension, j'établis la confiance entre nous, pas simplement une confiance affective, elle a déjà tout cela depuis longtemps de ma part. Non il faut que ce sentiment soit suffisament entier et puissant pour qu'il parvienne à dominer mon corps, ses appréhensions " réflexes" et ses contractions défense. La confiance ne peut que passer par là, pour que nous soyons liées sans plus de heurts.

J'analyse lors de séances de longues renes, lorsque la communication entre nous se résume à ma voix et le contact de ma main au fil de sa bouche. Je constate combien parfois la compréhension devient essentielle, combien Danha peut se livrer le plus simplement du monde sans que mon corps ne parasite sa bonne volonté avérée. Je vois combien mes actions parfois trop fortes influencent sur elle, les effets néfastes de trop d'empressement ou de trop de fermeté, tout n'est qu'une question de légèreté dosée.

Elle réagit et parfois anticipe au point que j'en viens à me demander s'il n'y a pas une transmission de pensée qui pourrait exister! C'est un rêve d'enfant que parfois je cajole, même si je sais pertinement qu'il n'en est rien, elle a simplement une sensibilité telle que la moindre petite contraction qui précède ma demande, lorsque mon esprit se dit "faisons cela" et que mon corps inconsciement se prépare à placer l'action, la belle comprend et réagit immédiatement. Ce n'est pas de l'anticipation, même si cela peut parfois agacer, non il s'agit simplement d'un cheval disponible à chaque demande aussi fine soit elle.

Le plus difficile est parfois d'accepter que les erreurs viennent dans la majorité des cas de moi, d'un mauvais dosage, d'un corps que la vie rend moins souple et disponible que celui de ma belle. Je l'écris aussi pour m'en souvenir, car je ne sait par quelle magie, mes pensées fugitives s'encrent à jamais dans mon esprit du jour où elles sont matérialisées par des mots.

8 janvier 2009

Un rang à tenir...

Il était une fois une belle princesse de 15 ans nommée Danha, elle vivait heureuse dans le beau pays du Bois Notre Dame, entourée d'une cours aimante et attentive au bien être de sa princesse.

Pourtant il arriva un jour que son dos la fisse souffrir, peut être quelque ame malveillante avait-elle glissé un petit poid dans sa couche... Toujours est-il que la princesse d'ordinaire joyeuse et sautillante, fit vite savoir que ce mal là necessiterait quelques soins.

Ticia sa bonne nourice s'empressa donc de contacter le meilleur Etiopathe du royaume afin qu'il se rende au chevet de la princesse et la soulage de ses maux.

La bonne nourice ne pouvant être présente, la princesse fut donc confiée aux bons soins de Sieur Alexis dont les mains guerisseuses avait déjà à plusieurs reprise soulagé la princesse.

Ce dernier fit savoir à la nourice par pigeon voyageur sans fil, que Danha s'était très bien comportée lors de la séance de soins et qu'elle devrait être bien vite rétablie. Il ajouta l'air amusé : elle m'a même gratifié d'une révérence alors que je me présentais à elle!

reverence

 

- Mais bien entendu Alexis, c'est ainsi qu'il sied à une princesse de saluer! -

Avec dans le role de l'Etiopathe Alexis Lion, merci à lui!

3 janvier 2009

Bonne Année!

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31 décembre 2008

Une clowneries de plus pour la fin de cette année

Pour conclure cette année 2008, idanha et moi même sommes donc heureuse de vous présenter notre dernier pas de danse qui est encore à l'état de perfectionnement mais qui nous amuse toutes deux enormément!

A voir ici :   http://www.dailymotion.com/video/x7kcb9_frencheval-cancan_animals

20 décembre 2008

Hasards et coicidences

Il faut parfois savoir faire un peu confiance à la vie et à sa curieuse façon de nous faire comprendre et ressentir des choses que l'on cherchait.... le jour où on ne les cherche plus!

J'avais quelque peu fait mon deuil de la peinture au profit de la sculpture, cette dernière me permettait de recommencer à zéro, sur une terre vierge d'illusions, de mauvaises habitudes, de mauvaises motivations...

Mais on ne peut fuir ce que l'on est, je ne peux renier le dessin qui est mon compagnon depuis ma plus tendre enfance et c'est finalement d'une façon très inattendue que je me rend à l'évidence...

En ce mois de décembre, motivée par une amie peintre je me décidais donc à reprendre de temps à autre les crayons, trouver un trait qui toujours au service des chevaux sache aussi être ce que je suis, ce à quoi j'aspire... Se lacher, se libérer... toutes ces choses tellement abstraites dont je cherche depuis des années le "mode d'emploi"... Comme si être libre et authentique pouvait avoir un mode d'emploi!

Alors que je me cherche, je finis également par me rendre à l'évidence, les portraits de chevaux, fidèles à leur photos ne peuvent être un moyen pour moi de me libérer, il faut que je m'en affranchisse et que je poursuive ma route.

Alors que je viens juste de décider de cela et de prendre la résolution de supprimer de mon site internet la rubrique portrait de chevaux, mon téléphone sonne...

Une personne qui a justement vu mon site et souhaite offrir à un ami qui vient d'avoir un accident, un portrait des chevaux qui ont marqué sa carrière de cavalier.... Un peu étonnée de la coincidence, je l'écoute et lui répond sans grande motivation, me demandant intérieurement pourquoi cet appel alors que je viens juste de décider de ne plus faire de portraits! Et l'oeil amusé, je scrute les cieux me demandant si quelqu'un aurait un message à me faire passer!

Il s'avère que le portrait en question devrait rassembler 8 chevaux sur la même composition... Un challenge inédit, qui commence raviver mon gout à relever toute sorte de défis fous... Et il devrait être réalisé au plus vite... encore un défi qui me pique au vif... Et le cavalier à qui ce cadeau est destiné s'avère être Eric Navet! Cette fois je blêmis et commence à trembler!

Me voila donc lancée dans une aventure folle, rassembler huit chevaux mythiques sur une même feuille, trouver la composition qui les mettra en valeur individuellement tout en gardant une unité entre tous... le tout avec un choix assez limité de photos... un temps également limité... Avant de commencer je continue de regarder là haut, peut être pour voir le sourire amusé et bienveillant de ma mère!

Les portraits m'ont toujours angoissée, comment être sure de saisir l'essence d'un cheval avec une photo? comment être certaine qu'au delà des traits extérieurs, le propriétaire saura retrouver la petite lueur qui lui plait tant dans l'oeil de son cheval, l'expression infime d'un plissement de naseau, d'un coin de lèvre...

EnavetEt cette fois pourtant je me retrouve totalement submergée par ce portrait, comme hypnotisée, je n'hésite plus, je ne réfléchis plus, je les dessines, les habille de chair tout en parvenant à conserver un peu de liberté dans mon trait... Je suis incapable de m'arrêter! captivée par cette horde naissante qui prend forme sous mes mains...

Et je comprend enfin, que ma liberté que je cherchais tant, ne tient à rien d'autre qu'à ça: la passion et la confiance. C'est si simple que j'en pleurerai de l'avoir tant cherché ailleurs, de mettre parfois fait tant de mal... Elle était juste là, en moi et il ne tenait qu'à une bonne étoile de savoir me montrer la voie.

7 décembre 2008

terre cuite...enfin!

Après des mois d'aprentissage et de recherche, des mois à développer une patience dont jusque là j'aurai été incapable, des mois à réparer les jambes fissurées, les oreilles cassées et autres mésaventures, des mois à me persuader que tout cela ne serait pas vain, qu'il ne fallait pas abandonner...

Après ce long voyage voila donc que ma première sculpture en terre à passé avec succès l'épreuve du feu.

Certes un étalon robuste comme lui ne se serait pas laisser abatre pour si peu, mais il n'empèche que je tremblais en le donnant à la cuisson, je le regardais, peut être pour la dernière fois... Il s'en faut de peu, une bulle d'air, un défaut et tous ces mois de travail et d'amour se brisent littéralement dans la fournaise.

C'est en tremblant aussi que je suis retournée le chercher... et pourtant il était là, couché dans sa caisse de transport et .... intact... J'emportais avec un empressement d'enfant mon cheval loin des regards pour pouvoir le toucher et le regarder seule à seul. La légèreté avec laquelle je trotinais vers ma voiture mon cheval entre les mains le coeur totalement déchainé de joie et de soulagement, cet état me rappelais les matins de noel, lorsque j'ouvrais ce cadeau qui renfermait le plus souvent un cheval! je partais alors à la course dans ma chambre pour pouvoir le regarder tranquillement, imaginer quel ami et compagnon il allait être, le faire vivre à travers mon imagination...

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Et voila mon premier cheval de terre cuite est enfin là! je le prend avec la même apréhension que lorsque je le manipulait avant sa cuisson, la peur de le casser... et pourtant lorsque ma bague touche la terre et qu'un son presque métallique se fait entendre, je comprend qu'il n'est plus le même.

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Il n'est plus la chose fragile et friable que j'ai porté au potier, il a passé l'épreuve du feu, il est devenu un guerrier. Brut et dur, il n'est plus ce petit être qui pouvait s'anéantir sous son propre poid, c'est un étalon pret à vivre sa propre vie, martelant le sol de ses sabots...

6 juin 2008

Terre, terre!

Après une longue traversée sur les mers agitées de la peinture, prise dans cette tornade avide de mon temps et de mon énergie, tantôt ballottée par les orages, portée par les courants, renversée par la houle...un jour, le vent est tombé et la mer s’est calmée…

Il m’a fallu longuement ramer sur cette mer d’huile, sans vraiment plus de conviction… Une traversée solitaire qui ne fait que causer toujours plus d’introspection, de questions sans réponses pour finalement anéantir l’envie de créer…

Voilà peut être pourquoi, à la première terre en vue, j’ai décidé de sauter du bateau et d’embrasser ce nouveau sol, cette terre que je connais si peu, me voilà saisie par l’envie de la connaître, de la comprendre, de la toucher, de l’apprivoiser,  de la pétrir et de créer quelque chose en son sein…

Peut être ne s’agit-il que d’une exploration temporaire, le temps de faire le point, ou peut-être vais-je finir par trouver asile ici bas, seul le temps me le dira…

Toujours est-il que je me sens comme ressourcée par le contact de l’argile, je retrouve l’essence de ce à quoi j’aspire, créer bien entendu, mais créer quelque chose de spontané, qui vienne du fond de mon âme sans soulever plus de questions, juste respecter l’évidence et ne plus chercher à faire, mais simplement faire !

Au contact de l’argile, mon cerveau s’engourdit, ne crie plus à l’aide, ne parle plus, je suis captivée par la matière et il n’y a plus rien, seules mes mains parlent et la matière leur répond…

main

C’est le même sentiment que j’éprouve lorsque je suis à cheval, le monde autour se brouille et s’évanouit, les sons se font plus sourds et mon cœur ralentit et enfin je sens cette sérénité m’envahir.

Comme à cheval, j’aime laisser à la terre sa propre volonté, je provoque un mouvement et observe ce qui en résulte, j’aime composer ainsi, ne pas toujours savoir où cela nous mènera, juste se laisser porter ensemble, laisser ce nouvel être s’arracher à la masse brute du pain d’argile et l’aider à éclore à la vie, guider ses premiers pas…

Les femmes-chevaux vont peut être enfin pouvoir trouver la dimension qui leur manquait sur la toile, les muscles et les corps enfin dans une fusion bien réelle...

12 avril 2008

femmes et chevaux...

La voila de retour, après des mois d'absence, alors même que je ne l'attendais plus, que j'en avais presque fait mon deuil; un soir que je crayonnais sans penser à rien, l'envie de peindre et de créer est arrivée toute seule, sans crier gare...

Plus forte et obsédante que jamais, elle s'est imposée d'elle même, sous une forme étrange et complexe, sortie surement du fond de mon être... Mais totalement inconsciente et vicérale...

Me voila donc à la fois libérée et à nouveau enchainée, envoutée par ces courbes qui se mélangent, hanches de femmes et de chevaux, rondeurs de croupes et de fesses, finesse de jambes se prolongeant de sabots... Pourquoi? Je n'en ai aucune idée, la poésie de la chose est là, sa beauté aussi...Je ne peux l'expliquer et préfère laisser planer le doute sur l'origine de cette naissance totalement inatendue... Et j'en arrive même à me dire, quelle évidence... pourquoi ne pas l'avoir pensée plus tot?

Je ne crois pas par le passé m'être autant battue pour peindre et créer... Il aura tout d'abbord fallu les accepter en premier lieu sans plus se poser de questions, les assumer puis les faire vivre, les faire éclore d'un croquis noir sur blanc en femmes et chevaux mêlés fait de couleur et de douceur, trouver l'univers qui pourrait les accueillir et leur donner le premier souffle de vie...

songeElles ne sont encore que de frêles débutantes qui se cherchent et arpentent maladroitement la piste de bal, je les espère femmes épanouies, chevaux harmonieux, je les voudrai dotées de leur propre volonté... 

Elles me semblent aujourd'hui une évidence, l'essence même de ce que je cherche depuis que les chevaux peuplent mes rêves... Etre à la fois femme et cheval...non plus centaure mais tellement plus que ça... Une symbiose qui ne mêle pas seulement les corps mais les esprits aussi, au delà des apparences, sans retenue et sans pudeur, dépasser un peu plus la réalité et plonger au fond des choses...

21 mars 2008

Terre d'asile...

Où se réfugier lorsque tout va mal, lorsque la souffrance de l’esprit, torture le corps aussi…

Ma terre d’asile, l’endroit dans lequel j’aime à me réfugier, à me blottir, à m’oublier…cet endroit magique où je me perds, n’est pas bien grand…C’est une vallée de velours, prise entre un naseau grand ouvert qui souffle le vent chaud de cette terre promise et une bouche patinée par le temps ridée de sagesse comme une roche millénaire… Au creux de ces deux volcans est ma terre d’asile, une douce et chaude vallée accueillante et réconfortante.

J’y pose ma joue et ferme les yeux et tout s’efface, l’espace d’un instant toute pensée disparaît, l’odeur de sa peau m’enivre, la douceur de ce tapis anthracite m’enveloppe et seul le bonheur me soulève au bruit du souffle qui court comme une rivière souterraine sous cette terre si fine… Plus d’angoisses, plus de monde extérieur, juste cet état de grâce sur cette île logée dans mon cœur, hélas trop petite pour pouvoir y rester toute une vie mais si précieuse pour en oublier les tourments l’espace d’une minute…

12 février 2008

Artiste en souffrance...

Comment vit-on après avoir perdu un être cher ? comment continue t-on son chemin lorsque un pilier du pont s’est effondré, a disparu à tout jamais ?

Voila une question que je me suis posée après cette épreuve difficile.

Dans ma vie tout ce que je fais et entreprend va toujours dans le même sens, tout se recoupe, tout tend vers le même désir de créer et de vivre, à la recherche permanente du bonheur.

Après m’être longtemps pâmée dans la douleur, peut être pour appeler au secours, sûrement pour attirer l’attention, à présent je ne cherche que le bonheur ; pas de ce bonheur préfabriqué que l’on ne conçoit qu’avec des choses matérielles, mais de celui qui se savoure en instants fugaces, une petite minute infime de plaisir, une minute durant laquelle mon cœur se soulève et bat plus vite, une minute qui m’étouffe presque, tellement elle est intense… Cette minute là est plus précieuse que tous les rêves de millionnaires…

Seulement être heureux, seulement savoir trouver le bonheur chaque jour malgré les défaites, les déceptions ou les malheurs…

Les malheurs et les douleurs me reconstruisent désormais, je ne veux pas les oublier, je veux juste bâtir quelque chose de nouveau sur ce modeste champ de ruine…

Cette recherche du bonheur reconstruit est permanente, après avoir perdu ma mère je ne concevait plus de peindre, je n’y ressentait plus aucun plaisir, seulement une douleur aigüe au fond de mon âme, un pincement cruel qui me rappelait que j’avais sûrement peint jusque là dans le mauvais dessein : celui de lui plaire.

Hélas moi qui avais toujours clamé que je peignais pour mon plaisir avant tout, je réalise alors que je me m’étais égarée…

L’acte de peindre venait bien du fond de mon être mais restait conditionné par le plaisir de voir briller de fierté les yeux de ma mère lorsqu'elle regardait un tableau; ce n’était bien sur pas le seul but, mais s’en était un certain… Comment donc continuer une toile en sachant qu’elle ne pourrais plus jamais en être fière… J’ai voulu pourtant poursuivre et chaque séance devenait une torture intérieure de plus en plus grande, un état qui au lieu de me donner du plaisir ne faisait que me confirmer que non seulement j’avais perdu ma mère mais qu’elle était partie avec un peu de moi…De ces séances, je n’en ressentait que le vide absolu, la création dans un trou noir qui aspire toutes mes envies et anéantit mes émotions…

Les réflexions vont bon train, passant de la lâcheté de tout abandonner et tout renier à l’envie malgré tout de continuer et poursuivre l’œuvre aussi modeste soit elle… Peindre pour moi et seulement cela, dans un premier temps tacher de me retrouver et de m’avouer vraiment qui je suis, pas seulement être celle que l’on voudrait que je sois…

C’est une libération malgré moi qui s’avère douloureuse, je m’aperçoit très vite que je ne sais pas comment « me lâcher » comment ignorer tout cet amas de fausses contraintes, d’excuses d’incapacité, de barrières factices… Passer au dessus de ça, me mettre quelque peu en souffrance, pour être honnête tout d’abord avec moi et enfin avec ma peinture… Il me faut trouver autre chose, suivre une autre voix, créer ma voix, trouver pourquoi j’ai malgré tout cette terrible envie de ne pas abandonner.

renouveau1Cet éternel recommencement n’est pas non plus sans me rappeler mes entreprises équestres… Rien n’est jamais acquis, en peinture comme à cheval et comme dans la vie…

C’est une petite part de masochisme artistique qui côtoie et se confronte à la quête du bonheur…

Le travail n’est qu’à peine débuté il me faut à présent agir, tâtonner, chercher, avoir le courage de remettre à nouveau tout en question, jusqu’à ce que l’évidence s’impose à moi… Mais cette révélation sera t-elle si évidente que cela ? saurai-je la reconnaître, la maîtriser et l’apprivoiser… La roue est sortie de l’ornière mais la route est encore longue…

1 février 2008

De la légèreté...

La légèreté…. Un vaste concept très en vogue en ce moment, tout le monde aspire à la légèreté, tout le monde en parle et pourtant, je vois tellement peu de couples qui semblent y accèder…

Voilà donc ce que je pense de la légèreté, pour moi elle ne peut se résumer à allèger des actions de mains et des actions de jambes, la légèreté est bien plus que cela, bien plus proche de la symbiose du cavalier avec son cheval que d’une nouvelle équitation…

La légèreté suppose de connaître et d’être connu de sa monture de manière à former un couple qui se respecte mutuellement, rien ne sera dès lors ni exigé ni consentit, les mouvements seront crées et initiés à tour de rôle.

Malheureusement cette état de grace tant rêvé reste éphémère, un muscle se contracte et le couple se sépare en cavalier et monture, l’alchimie est à refaire sans cesse.

Ne plus demander, ne plus imposer sa volonté au cheval mais avoir la sensation de comprendre et d’être compris, de ne faire plus qu’un, de décider ensemble de se que l’on va faire. Aller dans une direction en la visualisant, penser une transition et l’exécuter, méler son corps à celui du cheval et bien plus encore, partager enfin le même corps et le même esprit.

Chacun propose et décide, nous ne sommes plus qu’une volonté unique.

6Les exercices n’existent plus, plus rien n’est rigide, j’attend l’instant qui se prêtera au mouvement, j’attend que ma belle demoiselle soit prête et nous nous engouffrons pour quelques secondes dans l’oubli total de tout ce qui a pu être prémédité, tout cela n’est qu’une successions de mots dessinés sur le sable, un roman éphémère effacé par les vagues.

La magie de l’équitation est là, l’esprit en oublie sa soif de posséder, de bâtir, de gagner et s’abandonne à la joie de créer et de défaire pour recommencer sans fin…

Ce rêve éphémère de symbiose enfin atteint, ne plus penser, ne plus exiger mais seulement faire et créer ensemble, attendre l’instant où se profile à la sortie d’une courbe un mouvement plus léger qui ne demande plus d’effort puisque naturel, il est offert il est saisit et se perd dans l’instant, le corps n’existe plus, les muscles sont oubliés, les murs du manège disparaissent les sons s’assourdissent et l’on se perd dans l’extase de se mouvoir ensemble…

Je ne peux plus oublier la sensation surnaturelle du premier passage que m’a jument m’a offert, ce rebond silencieux et cadencé qui suspend une fraction de seconde mon cœur et ennivre mon esprit, l’espace d’un instant nous quittons le sol et cet instant insaisissable suffit à effacer le monde…

Plus de crispations, plus d’interrogation, la légèreté n’est que cela, se fondre avec son cheval et ne plus exister en tant qu’humain, devenir cet être mythologique tant rêvé : le centaure.

20 janvier 2008

Dressage......en extérieur

2Aujourd'hui Dimanche, la semaine a été chargée en travail pour ma demoiselle, je décide donc de lui octroyer une journée de repos.

Mais le repos ne sous entend pas ne rien faire non plus! nous partons donc à pied en foret afin de nous aérer un peu les idées, après quelques détours par les sous-bois dans lesquels la demoiselle adore se rouler sur un doux tapis de feuilles mortes, nous reprenons notre route, Idanha commence à chauffer et me faire comprendre que ne rien faire et marcher au pas, ce n'est quand même pas le rêve!

3

Nous commençons donc par quelques cabrés en main, c'est un air que la demoiselle exécute avec grand plaisir et qui à le mérite de concentrer son énergie dans son exécution et d'éviter ainsi qu'elle ne s'éparpille en sautant comme un cabri au long de la promenade!

Puis après quelques jambettes et pas espagnol, nous tombons nez à nez avec un muret.....

Et une idée germe alors dans mon esprit tordu, faire monter la jument sur le muret ce serait une nouveauté... Nous tentons l'exercice, face au muret je demande une jambette, après quelques hésitations la demoiselle s'exécute et semble à la fois s'amuser à tapper sur le muret tout en étant surprise que je ne la gronde pas de faire cela! Je récompense et redemande patiemment en tachant de lui faire comprendre que son pied peut resté posé sur le muret...

5  Après quelques instants de patience, la demoiselle focalise sur son muret et s'applique, jambe droite posée....

Puis la gauche....

Cela maitrisé sans trop de soucis, comme toujours j'hésite... Faut-il s'arrêter là et tenter les deux pieds une autre fois? Allez on ne perd rien à essayer, je demande donc jambe droite sur le muret et une fois cette jambe bien posée, je demande l'autre....

7 Voila mon adorable petit clown a non seulement accepté sans soucis de monter sur le muret, mais pour bien me signifier que cet exercice lui parraissait bien trop facile elle en à croisé les gambettes!

Elle n'en finit pas de me surprendre!

20 janvier 2008

De l'équitation en amazone

vacnoel_222 J’ai connu cette monte de façon accidentelle lors d’une halte de randonnée chez un vieux chatelain si heureux de voir à nouveaux des chevaux peupler ses écuries qu’il nous a offert une selle d’amazone…

Cette drôle de selle plus massive, plus lourde, avec ses deux fourches désespéremment vides m’a immédiatement fascinée, son cuir fauve rongé par les années et l’histoire que l’on devine sur son siège… Immédiatement, des rêves de petite fille m’assaillent et les fantômes de femmes à la taille de guèpe et aux robes de princesses m’entourent et m’enjoignent à m’initier…

Avant même d’avoir essayé cette monte je suis séduite, pouvoir monter comme ces femmes d’une autre époque. Ces femmes que beaucoup de féministes auront taxées de victimes du puritanisme et du machisme d’alors, je les vois comme des vraies amazones, fières et fortes, suivant sans peine les chasses les plus effreinées à travers bois et taillis, franchissant les fossés et galopant jusqu’à plus soif dans un bruissement de soie et d’étoles. Contraintes de monter ainsi, elles se sont appropriées ce qui semblait un handicap pour pouvoir atteindre l’égal des hommes montés à califourchons.

Elles sont dans mon esprit de vraies femmes, assumant leur différence et l’affichant au nez et à la barbe de tous, elles sont pour une fois sur le même pied d’égalité que les hommes sans avoir pour autant eu à renier leur féminité.

Pour la première fois de ma vie équestre, je pose cette selle étrange sur le dos de mon cheval de randonnée, j’observe et je m’interroge, mais plus je la regarde et plus l’envie de me mettre en selle me talonne. Personne autour de moi ne peux m’orienter ni me conseiller et comme souvent je m’apprête à me fabriquer ma propre expérience non sans un soupçon d’apréhension. Une journée de randonnée dans cette curieuse selle… Le paris est tentant mais pourrait vite touner au cauchemard !

La tentation l’emportera sur l’appréhension. Sitôt installée, je cherche une position confortable, les hanches et les épaules dans l’axe, je repose mes jambes autour des fourches et tache de me détendre. Au fur et à mesure que la journée se passe, je n’en finit pas de m’extasier du confort et du naturel de cette façon de monter, le cheval quant à lui ne semble pas perturbé pour un sous et avale sereinement les kilomètres. Cette journée reste gravée dans ma mémoire, comme un nouvel horizon équestre se dévoilant tout au long des chemins forestiers, je sens déjà que je ne pourrai plus me passer de cette façon de monter et je suis rongée par le désir de tout refaire en amazone.

Et voilà comment nait une nouvelle passion,

1

Les sensations que l’on ressent en amazone sont incroyables, le bassin étroitement lié au moindre mouvement du cheval, suffit à accompagner et demander. Tout est plus léger dans cette position, on ne se sent plus « agrippé » au cheval e, l’enserrant des deux jambes, mais on se sent légèrement « posé » sur lui et avec lui… C’est une incroyable sensation qui mêle une impression de maîtrise, de légèreté et presque de supériorité.

La monte en amazone ne peut se résumer à une lubie pour femmes en manque d’originalité, même s’il faut reconnaître chez les amazones l’amour de l’histoire et un certain goût pour le romanesque, c’est avant tout une façon de monter qui permet d’élargir sa pratique et sa compréhension de l’équitation, qui permet de mieux s’assumer à cheval en tant que cavalière, c’est une équitation qui ouvre les yeux et délie à la fois le corps et l’esprit.

Confortablement installée dans mes fourches, ressentant tout des mouvements de mon cheval, le buste bien plus reculé qu’à l’acoutumée, j’ai le sentiment de prendre du recul, de voir arriver les choses et d’y faire face. Le roulis du galop m’ennivre, alors que mon corps se fond et se laisse emporter dans ce mouvement exquis, mon esprit s’égare au gré du vent qui passe sur mon visage et emporte ma jupe dans un léger bruissement de tissus…

Souvent, les autres cavaliers me regarde curieusement et me demandent si je ne me sens pas minimisée par cette façon de monter…Comment leur expliquer que j’ai sûrement compris bien plus de choses de l’équitation et de ses finesses dans les fourches que dans des reprises de dressage.

cabr_Comment faire entendre que les jambes ne me servent à rien pour exécuter un départ au galop ou un appuyer ? Que seul mon buste et mon bassin me suffisent comme si mes jambes avaient disparu inutiles désormais puisque mon cheval à les siennes pour se mouvoir… Cette fois le rêve du centaure est atteint mais en plus complété du mythe de l’amazone !

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Idanha et Ticia
  • Depuis qu'Idanha, cette petite jument grise, est entrée comme une tornade dans ma vie, j'apprend à penser cheval... Ce blog est avant tout dédié à Idanha et à nos réflexions équestres...
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