Stage avec Frédéric PIGNON
Il y a tellement à dire après ce weekend de stage que mon vocabulaire se retrouve tout à coup bien pauvre, il me semble de surcroit qu’y apposer trop de superlatifs serait tellement grossiers pour décrire ce que Frédéric transmet avec tant de simplicité et d’émotions.
Après l’avoir écouté tout un weekend tout parait si évident, c’est simple et ça tombe naturellement sous le sens ! Pourquoi nous sommes nous autant laissés emporter si loin de ce qui devrait être la préoccupation première d’un cavalier, regarder son cheval vraiment, savoir lire en lui , puis se faire comprendre pour enfin marcher ensemble, s’amuser ensemble dans le même sens et avec la même énergie.
Cela parait tout à coup limpide et naturel mais pourtant l’esprit se raccroche encore à des excuses d’incapacité, saurai-je de ma petite expérience en faire autant ? On s’aperçoit pourtant, en l’observant nouer un contact avec chaque cheval inconnu qui se succède dans le rond, qu’en se connectant au cheval et en l’amenant à avoir envie de faire de même il devient naturel de marcher ensemble, alors pourquoi pas valser et s’amuser ?
Au fil des chevaux qu’il incite à lui faire confiance puis à se prendre en charge et a agir avec plaisir en interaction avec lui, tout s’éclaire également pour nous autres qui observons. La peur d’être maladroit ou de commettre des erreurs s’étiole au fur et a mesure, comment pourrait-on commettre plus d’erreurs qu’en ne tentant rien pour comprendre et être compris?
Après l’avoir regardé danser sur le même pied que chaque cheval tout parait dès lors aisé et possible même si l’on convient qu’il a quelque chose de magnétique avec les chevaux.
Ils ne se connaissent presque pas et pourtant très vite leurs mouvements s’attirent ou se repoussent d’un même élan, les distances s’allongent et se raccourcissent d’un abaissement d’épaule, la cadence augmente en d’un regard, le cheval revient dans un soupir… Ce ballet nous captive dans le silence rythmé de leurs respirations.
Il bouge en symbiose avec chaque cheval et respire à la cadence des demandes et mouvements, il inspire longuement en demandant, expire profondément lorsque le mouvement se détend, une apnée silencieuse en attendant une réponse et des doubles croches de souffle court pour une envolée au galop et le cheval se met au diapason de cette musique apaisante.
On serait tenté de qualifier tout cela de magique si l’on n’avait pas pris conscience grâce aux explications de Frédéric que tout est lié et expliqué entre lui et le cheval, Il n’y a que fluidité et patience, une précision très technique est évidement présente, mais il n’est là question que de bienveillance technique. Rien n’est automatisé et aucun de ses conseils ne pourra s’il est suivi à la lettre être détourné et mal employé d’une manière qui puisse nuire au cheval. Les gestes sont discrets, la voix presque muette, les claquements de langues rares mais précis, le stick effleure et guide, la main caresse et relaxe, le sourire rassure et récompense…
Il s’agit juste de réapprendre à respirer et regarder son cheval, « le lire » dit-il, mais oui simplement lire en lui en le regardant mais aussi en le touchant, en massant ses tensions en balayant d’un geste lent et chargé d’amour toutes les angoisses qui ont noué ses muscles et qui lui font dire non, apporter au cheval la garantie qu’il pourra désormais nous faire confiance.
C’est une philosophie de respect et compréhension qui est liée à l’importance de prendre le temps pour construire, d’être précis et minutieux parce que le temps qui passe n’est jamais un ennemi si on l’a utilisé pour bien faire
Frédéric captivant avec les chevaux n’en est pas moins étonnant avec les humains, son sourire irradie et souligne combien tout est fait dans l’amour et le respect du cheval, avec une patience égale à celle qu’il consacre aux chevaux, il transmet, partage, exhalte et communique également aux humains assemblés là et tenus en haleine par la même passion.
Le stage s’achève avec cette impression que nous avons aussi été dans le rond avec lui d’une certaine façon, nous avons-nous aussi fait la démarche d’une prise de conscience, c’est si essentiel et naturel que l’on est passé à coté, par incompréhension souvent, égoïsme parfois, maladresse fréquemment, vanité occasionnellement, impatience toujours…
Pour écrire cet article ma plume a du comme toujours lutter contre des répétitions de mots ou d’expressions qui sont toujours assez révélatrices. Les termes que j’aurai le plus souvent effacés ou remplacés cette fois sont : si, bienveillant, simplement, tomber sous le sens, tellement, évident… Il est drôle de voir qu’à eux seuls ils forment une conclusion tout à fait appropriée !